Le vitiligo est une maladie caractérisée par la perte des mélanocytes de l’épiderme et des réservoirs du follicule pileux. La stigmatisation sociale et la méconnaissance de la maladie entraînent une grande détresse psychologique chez les patients atteints. Le traitement du vitiligo est souvent guidé par l’activité de la maladie ainsi que par son étendue. Cette activité est évaluée à la fois cliniquement et à la lumière de Wood, mais étant donné l’utilisation répandue du dermoscope par les dermatologues dans leur pratique quotidienne, nous avons évalué l’efficacité de cet appareil, considéré comme le stéthoscope du dermatologue, pour apprécier l’activité du vitiligo.

Il s’agit d’une étude prospective transversale descriptive et analytique menée sur une période de 20 mois d’octobre 2021 à juin 2023. Nous avons recruté, dans notre service, 100 patients présentant un vitiligo non segmentaire stable, évolutif ou repigmentant. Les patients ont bénéficié d’un examen clinique, en lumière de Wood et au dermoscope. Les images dermoscopiques ont été interprétées en aveugle par deux dermatologues. Les variables étudiées lors de l’évaluation dermoscopique comprenaient les modifications de l’architecture générale, du réseau pigmentaire, intra-lésionnelles, folliculaires et périfolliculaires ainsi que les modifications péri-lésionnelles.

La présence d’un aspect en queue de comète (p<0,001), d’un micro-Koebner (p<0,001), d’un réseau atténué (p<0,001), de globules blancs (p<0,001), d’un érythème (p=0,011) et de polka dot (p<0,001) était associée à un vitiligo actif, tandis que la présence de plages achromiques (p<0,001), de dépigmentation périfolliculaire (p=0,001) et de télangiectasies (p=0,014) était associée à un vitiligo stable. La pigmentation périfolliculaire (p<0,001) et l’hyperpigmentation marginale (p<0,001) quant à elles étaient associées à un vitiligo repigmentant.

Les observations de notre étude ont révélé que l’aspect en étoile éclatée, le micro-Koebner, le réseau atténué, les globules blancs et les polka dot sont des marqueurs dermoscopiques importants de l’activité du vitiligo suggérant une maladie active et instable. Le vitiligo repigmentant se caractérise par une hyperpigmentation péri-lésionnelle et une pigmentation périfolliculaire. Ces caractéristiques dermoscopiques peuvent servir de marqueurs précoces de la repigmentation et, par extension, de la réponse thérapeutique. Quant à la présence d’une plage achromique et d’une dépigmentation périfolliculaire, elle signait la stabilité de la maladie permettant ainsi d’envisager une greffe mélanocytaire. Nos résultats rejoignent ceux des rares études de dermoscopie et vitiligo, menées par Kumarja et al. ainsi que Gupta et al. même si ces dernières ne regroupaient pas tous les critères dermoscopiques que nous avons étudiés.

Dans les cas douteux, la dermoscopie sert d’outil auxiliaire pour la confirmation du diagnostic et l’évaluation de l’activité du vitiligo et donc une meilleure orientation thérapeutique.